Investir vert et protéger la vie sous-marine
Des documentaires populaires tels que Blue Planet II et A Plastic Ocean ont jeté une lumière vive sur les fléaux qui ravagent nos océans, même si beaucoup n’ont peut-être pas encore conscience de l’importance de leur impact. Les océans sont non seulement nécessaires à la vie sur la Terre, puisqu’ils sont source de nourriture et d’eau pour des milliards de créatures, mais ils jouent également un rôle essentiel dans la régulation du climat.
Ainsi, les océans absorbent environ 23% des émissions de carbone annuelles, derrière les plantes et les algues vertes, considérées comme des « puits de carbone », qui en absorbent environ 29%. Par ailleurs, ils absorbent plus de 90% de l’excès de chaleur accumulé dans le système climatique, ce qui les rend beaucoup plus importants pour le contrôle de la température globale. Comme pour le réchauffement des terres émergées, le bilan du réchauffement des océans est dévastateur. Ces 30 dernières années, la température de surface des océans a été constamment plus élevée qu’à n’importe quel moment de l’histoire. Étant donné que plus de la moitié des océans enregistrent désormais des températures autrefois considérées comme extrêmes, d’innombrables espèces sont menacées. Ajoutons qu’une eau plus chaude se vaporise plus rapidement, ce qui alimente des tempêtes plus intenses et plus fréquentes. Ces bouleversements ont déjà de graves conséquences : le coût annuel moyen des catastrophes météorologiques et climatiques aux États-Unis était de 160 milliards de dollars en 2021, soit 8 fois plus que dans les années 1980 et 1990. Cela est dû en grande partie aux ouragans, comme le récent ouragan Ian, le cinquième ouragan le plus fort à toucher terre aux États-Unis, qui devrait coûter aux assureurs entre 42 et 57 milliards de dollars de pertes. Pire encore, un océan plus chaud aura tendance à rejeter davantage de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Cette « boucle de rétroaction » risque d’accélérer le réchauffement, et pourrait rendre impossible tout retour en arrière en matière d’action climatique. « Le changement climatique extrême est [déjà] là », prévient Kyle Van Houtan, chercheur à l’université Duke. « Il est dans l’océan, et l’océan est à l’origine de toute vie sur Terre. » Parallèlement, l’activité humaine a également fait des ravages en ce qui concerne la pollution (en particulier les plastiques), l’acidification, la surpêche et même la désoxygénation, une évolution particulièrement préoccupante étant donné que les océans fournissent 50% de l’oxygène présent dans notre atmosphère. « Continuer sur cette voie
menace non seulement les écosystèmes marins, mais aussi la capacité future de l’océan à soutenir indirectement la vie », déclare Live Ocean, une organisation oeuvrant pour la protection de la nature. « L’océan n’est pas seulement une victime du changement climatique, il fait également partie intégrante de la solution. »
Exploiter le potentiel des océans
Le monde prend progressivement conscience de la nécessité de protéger nos océans. La conservation et l’exploitation de manière durable des océans figuraient parmi les principaux objectifs de développement durable (ODD 14) de l’Agenda 2030 établi en 2015 par l’ONU. Les gouvernements, les banques multilatérales de développement, les ONG et les fondations philanthropiques renforcent leurs engagements, conscients que l’océan est un allié essentiel pour faire face aux nombreuses crises planétaires auxquelles nous sommes confrontés. Cependant, il reste encore beaucoup à faire : une étude de 2020, par exemple, estime qu’il faudrait 174,5 milliards de dollars de financement annuel pour que le monde ait une chance d’atteindre l’objectif de développement durable « Vie aquatique » des Nations unies d’ici à 2030.
Jusqu’à présent, les progrès ont été d’une extrême lenteur. De tous les objectifs de développement durable,
l’ODD 14 est de loin le moins financé, puisqu’il ne bénéficie que de 0,01% du total des financements des ODD issus de la finance durable jusqu’en 2019, et de seulement 0,56% de l’ensemble des financements d’origine philanthropique depuis 2016. Comme l’explique The Economist, « dans le monde entier, la conservation, la recherche et le développement durable des océans souffrent d’un sous-financement alarmant [...]. Le manque d’investissement dans l’océan est évident et réellement inquiétant. » Il est clair que les gouvernements et les groupes publics pourraient certainement faire plus. Toutefois, le secteur privé a également un rôle à jouer, et un éventail complet d’opportunités liées au marché est en train d’émerger pour combler cette lacune, avec des offres dans l’ensemble de l’économie bleue. Ces opportunités sont notamment présentes dans le secteur de l’aquaculture et de la pêche, des énergies renouvelables, du transport maritime durable, de la gestion de la pollution, des technologies océaniques et du tourisme durable.
Pour les investisseurs, les options ne manquent pas, selon les objectifs. Bien qu’il s’agisse d’une thématique relativement récente, il existe plus d’une douzaine de fonds de capital-investissement publics et privés spécialisés dans l’impact sur les océans, et conçus pour permettre aux investisseurs de faire partie de la solution, tout en attirant les capitaux dont cet espace a cruellement besoin. La plupart de ces fonds sont extrêmement spécialisés et investissent dans des sociétés et des start-ups dont l’activité a un impact positif sur la santé globale des océans.
Des progrès importants sont également réalisés sur le marché obligataire, où les « obligations bleues » commencent à faire parler d’elles. À l’instar des obligations vertes, les obligations bleues sont des instruments de dette utilisés pour soutenir les investissements dans divers projets de l’économie bleue, notamment la pêche durable, les ports et la navigation, le tourisme, les énergies renouvelables, la gestion des déchets et la biodiversité. Ainsi, le Belize et les Seychelles ont tous deux émis avec succès des obligations bleues, alors que l’Indonésie a récemment procédé à sa propre émission obligataire. D’autres pays sont susceptibles de leur emboîter le pas.
Il est également encourageant de constater que les transactions récentes ont vu leurs volumes augmenter, et que l’incubateur d’obligations bleues devrait permettre de stimuler la création d’entreprises. Certains prédisent
que ce n’est qu’une question de temps avant que les sociétés n’émettent également des obligations bleues, ce qui permettrait aux investisseurs de bénéficier de davantage d’opportunités.
Actuellement, l’investissement dans les obligations bleues se limite majoritairement aux fonds spécialisés dans les obligations vertes ou durables. Toutefois, à mesure que le marché gagne en importance, il n’est pas interdit de penser qu’il pourrait connaître une réussite similaire à celui des obligations vertes, avec des fonds spécialisés dans les obligations bleues proposés aux investisseurs. Quel que soit l’avenir réservé à cette classe d’actifs, il est clair que les investisseurs ont un rôle à jouer dans la préservation et la sauvegarde de nos océans. L’humanité ne peut se permettre d’ignorer l’importance des océans, qui constituent notre habitat le plus vaste et notre meilleur allié dans la lutte contre le changement climatique
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